Notes et documents
trouvés aux Archives nationales sur le microfilm consacré au Sanhédrin (F/19/11004
et 005).
Je pense qu'ils furent rédigés par la Commission des Affaires Juives réunie par M. Portalis pour qu'il se fasse une idée de la situation et essaye de résoudre le problème posé: à moins que ce soient les notes, instructions et documents dictés par Napoléon ou demandés par lui, documents que M. le Marquis de Noailles, biographe de M. Molé pensait disparus
Monsieur de Malesherbes avait demandé le même travail pour la même raison.
Cette Commission a dû être constituée par M. Portalis, parce que trop peu de rabbins avaient dû "présenter à leurs Préfets respectifs les projets de règlements qu’ils croiront le plus propre à ramener l’ordre et la paix parmi eux". Elle termina ses travaux en lui présentant ses "vues sur un Règlement à faire pour les synagogues de l'Empire, qui concilie l'intérêt des chefs religieux avec celui des fidèles ..."
On peut se demander pourquoi les conclusions de cette Commission sont restés sans suite ou pourquoi le Premier Consul, devenu Empereur a remplacé la persuasion par la contrainte et ordonné la réunion de l'Assemblée des Notables suivie de celle du Sanhédrin.
Les nombreux certificats médicaux présents dans les Archives, tant pour éviter le déplacement que pour retourner dans ses foyers, peuvent attester du peu d'empressement d'une bonne partie des Juifs pour réformer leur situation. Outre le problème de l'usure sur lequel le Conseil d'État avait émis l'avis qu'il n'y avait pas à légiférer, les Juifs avaient tendance à se soustraire à la conscription et à l'impôt; deux choses déplaisantes pour un souverain qui a besoin d'argent et de soldats pour guerroyer. Les critiquer sur ces deux aspects, compte tenu de la mentalité française, ne devait pas être un thème porteur. Il aurait pu avoir conséquence, en exagérant très grossièrement et avec une pointe d'humour, de provoquer des conversions massives vers le judaïsme. Ce n'était pas le cas en l'abordant au travers de l'éternelle caricature des usuriers.
Il faut également supposer que les rabbins se doutaient que toute réforme de la situation des Juifs entraînerait une baisse d'influence sur les communautés dont ils avaient charge d'âme. Ce qui laisse supposer qu'ils étaient peu enclin à aller au devant des souhaits du premier Consul, puis de l'Empereur.
Je pense qu'il faut remarquer la concordance entre la date de commencement de cette Commission et celle du début de la campagne de presse.
Autres textes
Lettre de remerciement |
Propositions de l'Alsace |
Proposition de Beer-Isaac-Berr et son analyse |
Projet d'une reformation du judaïsme |
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Je suis surpris de ne pas
trouver dans ces notes la référence au livre de Mirabeau : "Sur Moses Mendelssohn;
Sur la réforme politique des Juifs". Il a été publié à Londres en 1787, et
a manifestement influencé tant les lauréats du Concours de Metz que tous
ceux qui écriront sur les Juifs lors de la préparation de l'organisation
du culte israélite par Napoléon. Vous trouverez ce texte, et bien d'autres,
sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF.