Dans une lettre à M. Talleyrand
qu'il écrivit du Camp de Boulogne le 24 août 1805,
Napoléon dit, entre autre : "Faites insérer
dans le Moniteur un article, sous la rubrique de Munich, qui fasse
connaître les craintes qu'a l'électeur de Bavière
d'une invasion de la part de l'Autriche. Faites-en insérer
d'autres de Salzburg et du Tyrol qui fassent aussi connaître
les mouvements de troupes autrichiennes dans toute leur exagération."
Cette attitude commune de l'Empereur fut
dénoncée dans le décret du sénat
conservateur, en date du 3 avril 1814 portant que Napoléon
Bonaparte est déchu du trône, et que le droit d'hérédité
établi par sa famille est aboli.
Le
sénat conservateur,— Considérant que, dans une
monarchie constitutionnelle, la monarque n'existe qu'en vertu de la
constitution ou du pacte social; — Que Napoléon
Bonaparte, pendant quelque temps d'un gouvernement ferme et
prudent, avait donné à la nation des sujets de compter
pour l'avenir sur des actes de sagesse et de justice; mais qu'ensuite
il a déchiré le pacte qui l'unissait au peuple
français, notamment en levant des impôts, en établissant
des taxes autrement qu'en vertu de la loi, contre la teneur expresse
du serment qu'il avait prêté à son avènement
au trône, conformément à l'article 53 de l'acte
des constitutions du 28 floréal an 12; — Qu'il a commis
cet attentat aux droits du peuple, lors même qu'il venait
d'ajourner, sans nécessité, le corps législatif,
et de faire supprimer comme criminel un rapport de ce corps, auquel
il contestait son titre et sa part à la représentation
nationale; — Qu'il a entrepris une suite de guerres en
violation de l'article 50 de l'acte des constitutions du. 22 frimaire
an 8 , qui veut que la déclaration de guerre soit proposée,
discutée, décrétée et promulguée
connue des lois; — Qu'il a inconstitutionnellement rendu
plusieurs décrets portant peine de mort, nommément les
deux décrets du 5 mars dernier, tendant à faire
considérer comme nationale une guerre qui n'avait lieu que
dans l'intérêt de son ambition démesurée;—
Qu'il a violé les lois constitutionnelles, par ses décrets
sur les prisons d'état ;— Qu'il a anéanti la
responsabilité des ministres, confondu tous les pouvoirs, et
détruit l'indépendance des corps judiciaires;—
Considérant que la liberté de la presse, établie
et consacrée comme l'un des droits de la nation, a été
constamment soumise à la censure arbitraire de sa police, et
qu'en même temps il s'est toujours servi de la presse pour
remplir la France et l'Europe de faits controuvés, de maximes
fausses, de doctrines favorables au despotisme, et d'outrages contre
les gouvernements étrangers; — Que
des actes et rapports entendus par le sénat ont subi des
altérations dans la publication qui en a été
faite; — Considérant qu'au lieu de régner dans la
seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du
peuple français, aux termes de son serment, Napoléon
a mis le comble aux malheurs de la patrie par son refus de
traiter à des conditions que l'intérêt national
obligeait d'accepter, et qui ne compromettaient pas l'honneur
français, - Par l'abus qu'il a.fait de tous les moyens qu'on
lui a confiés en hommes et en argent, — Par l'abandon
des blessés sans pansement, sans secours, sans subsistances, —
Par différentes mesures dont les suites étaient la
ruine des villes, la dépopulation des campagnes , la famine et
les maladies contagieuses; — Considérant que, par toutes
ces causes, le gouvernement impérial établi par le
sénatus-consulte du 28 floréal an 12 a cessé
d'exister, et que le vœu manifeste de tous les Français
appelle un ordre de choses dont le premier résultat soit le
rétablissement de la paix générale, et qui soit
aussi l'époque d'une réconciliation solennelle entre
tous les états de la grande famille européenne, —
Le sénat déclare et décrète ce qui suit
:
Art. 1er. Napoléon Bonaparte
est déchu du trône, et le droit d'hérédité
établi dans sa famille est aboli.
2. Le
peuple français et l'armée sont déliés du
serment de fidélité envers Napoléon
Bonaparte.
3. Le présent décret
sera transmis par un message au gouvernement provisoire de la France,
envoyé de suite à tous les départements et aux
armées, et proclamé incessamment dans tous les
quartiers de la capitale.
Les président
et secrétaires, signé BARTHÉLÉMY, le
comte DE VALENCÉ, PASTORET. (Source
: Bulletin des Lois)
Je ne m'étonne donc pas que Le Publiciste, journal "aux ordres", comme tout les autres, ait publié chaque mois un article sur les Juifs !