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Les commissaires de l'Empereur pour traiter les affaires relatives aux
juifs, n'espéraient pas pouvoir transmettre, avec le rapport ci-joint, le projet de règlement dont il est parlé, adopté
par le comité des neuf. Leurs opérations
ayant marché plus vite qu'ils n'avaient osé de le promettre, ils ont l'honneur
de transmettre à son excellence le Ministre de l'intérieur ce résultat intéressant
de leur travail. Ils le prient de vouloir bien l'adresser à Sa Majesté avec
le rapport ci-joint.
Son excellence remarquera que les Commissaires de l'Empereur, dans la
rédaction de ce règlement, ne se sont écartés qu'en un seul point des instructions
qui leur ont été transmises; ils prient Son Excellence d'observer; qu'en
le faisant, ils ont jugé qu'il fallait s'attacher plutôt à l'esprit qu'à la
lettre, lorsqu'il s'agissait d'organiser un plan vaste d'administration. Les
instructions portaient qu'il y aurait à Paris un Comité central de Rabbins,
qui seraient les surveillants et les supérieurs de tous les Juifs de l'Empire.
Les Commissaires de l'Empereur ont cru nécessaire au bien du service de Sa
Majesté d'introduire quelques Juifs non rabbins dans ce Comité. Il leur a
semblé qu'il pouvait, sous certains rapports, devenir dangereux d'abandonner
la surveillance exclusive des Synagogues à des hommes qui forment entr'eux
une sorte de corporation et qui, étant en possession, presque exclusive d'une
langue particulière, pourraient échapper, dans les communications intérieures
et leur correspondance habituelle, à la surveillance de la police et de l'administration.
L'introduction de Juifs non Rabbins dans le Comité central parrerait à cet
inconvénient. Il donne aux rabbins des collègues qui éclaireront leur conduite,
pénétreront leurs dispositions secrètes et préviendront les complots qu'ils
pourraient former pour accroître leur puissance, ou éluder l'exécution des
ordres de sa Majesté. de plus, cette mesure sera très populaire parmi les
juifs, dont une partie redoute l'influence rabbinique, et qui verront tous
avec plaisir qu'on lui donne un contre-poids. Car les plus religieux d'entre
les Juifs, et ceux qui désirent avec le plus d'ardeur que les Rabbins soient
maintenus dans tous leurs droits, ne veulent pas se placer sous leur dépendance
absolue.
Les Commissaires de l''Empereur se flattent que Son Excellence retrouvera
dans leur travail toutes les grandes et utiles idées qu'elle leur a transmises
de la part de sa Majesté, et que l'Empereur y reconnaîtra ces conceptions
fécondes qui n'appartiennent qu'à lui, et dont une seule devient comme le
germe de toute une législation.
Les commissaires de l'Empereur ont l'honneur d'offrir à son excellence
le Ministre de l'Intérieur l'assurance renouvelée de leur respectueuse considération.
Source: Centre Historique des Archives
Nationales F/19/11004 et 11005