PREFECTURE DE LA GIRONDE
Bordeaux, le 9 juin 1806
Monseigneur
Aux termes de l’arrêté qui convoque une
assemblée des Juifs à Paris pour le mois de Juillet
prochain, la proportion qui a été établie pour
déterminer le nombre de députés à envoyer
pour chaque département n’a pas été suivie
pour celui de la Gironde. Je me suis assuré qu’il y a
plus de 1700 individus de la Religion juive ; que conséquemment
l’article qui veut que là où ils n’ont
point été appelés on pourra en envoyer un par
cinq cent, ils doivent avoir au moins trois ou quatre députés
à Bordeaux : J’insisterai auprès de votre
Excellence sur ce nombre parce qu’ils sont ici des hommes très
intéressants ; que leurs établissements sont précieux,
et que plusieurs d’entre eux y jouissent d’une réputation
distinguée dans la banque et dans le commerce ; que d’autre
part enfin ils se sont disposés à faire des sacrifices
pour moraliser et aider la partie vagabonde de leur secte.
Agréez, Monseigneur, l’hommage de mon
profond respect
Le
Préfet de la Gironde
……………………….
Bordeaux
le 1er juillet 1806
Monseigneur
J’ai
l’honneur de prévenir votre Excellence que j’ai
nommé pour se rendre à l’assemblée qui
doit s’ouvrir à Paris le 15 de ce mois MM. Surtado et
Rodrigues, tous deux professant la religion juive : L’un d’eux,
M. Surtado, propriétaire, est un homme de beaucoup de talent ;
il est membre du Conseil Municipal de Bordeaux. Il fut appelé,
il y a à peu près 19 ou 20 ans par le Ministère
pour traiter les questions qui vont être agitées dans
l’assemblée que vous venez de convoquer : il a tous les
matériaux de travail qui furent fait alors et qui demeurèrent
sans résultat par suite des troubles qui commencèrent à
cette époque d’agiter le parlement. M. Rodrigues est un
banquier estimé allié à la famille du (Pradir ?)
dont la réputation si justement montée est le fruit du
service rendu à l’État et à
l’humanité.
Il reste encore un
(grade ?), mais ses infirmités l’ont empêché
d’accepter la mission que je lui ai proposée.
Je pense, Monseigneur, avoir rempli (**?) et qu’il était
impossible de faire un choix meilleur et plus convenable.
Agréez l’assurance de mon profond respect
Le préfet de la Gironde.
Source: Centre Historique des Archives Nationales F/19/11004 et 11005