Assemblée nationale
13ème législature
Question publiée au JO le : 14/08/2007
M. Marc Le Fur attire l'attention de Mme la
ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités
territoriales sur l'interdiction de subventionner les cultes. L'article 2
de la loi de séparation de l'Église et de l'État interdit
à l'État et aux collectivités territoriales de subventionner
les cultes. Cependant, le rapport remis par la commission de réflexion
juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, présidée
par le professeur Machelon, remis le 20 septembre 2006, estime
que cette interdiction ne constitue pas un principe fondamental reconnu par
les lois de la République. De plus, certaines activités culturelles
ou commémoratives à caractère religieux peuvent bénéficier
de financements publics. Il lui demande de préciser l'étendue
des aménagements à la règle de l'article 2 de la
loi de 1905 afin de disposer d'une délimitation précise des
activités susceptibles d'être financées par l'État
et les collectivités territoriales.
Réponse publiée au JO le : 08/01/2008
Le rapport de la commission de réflexion juridique
sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics présidée
par M. Jean-Pierre Machelon a été remis officiellement
au ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement
du territoire le 20 septembre 2006, au terme de nombreuses auditions.
Après avoir mis en évidence les profonds changements intervenus
dans le domaine cultuel depuis l'adoption de la loi de séparation
de l'église et de l'État de 1905 et inventorié les problèmes
rencontrés aujourd'hui par les différents cultes, la commission
s'est efforcée de trouver des solutions pour remédier à
ces difficultés et atténuer les disparités constatées
entre les différents cultes. Les auditions de nombreuses personnalités
ont permis de mesurer à quel point les questions immobilières
étaient au coeur des préoccupations des responsables religieux
et politiques. Tout en réaffirmant les principes républicains
qui impliquent le respect des croyances de chacun, la commission a manifesté
le souhait que les religions présentes sur le territoire puissent
disposer de lieux de culte nécessaires à leurs pratiques religieuses.
Il convient de souligner que les solutions préconisées par
la commission ne sont pas exclusivement de nature financière. Elle
suggère notamment d'améliorer les instruments existants (baux
emphytéotiques administratifs, garanties d'emprunt...) et de faire
un meilleur usage du droit de l'urbanisme, en particulier du droit de préemption
dont disposent les maires. Avant d'envisager la possibilité d'étendre
le financement des collectivités publiques à la construction
des lieux de culte ou à des activités à caractère
religieux, la commission a procédé à une analyse approfondie
de la règle, édictée par l'article 2 de la loi
de 1905, selon laquelle « la République ne reconnaît,
ne salarie et ne subventionne aucun culte ». La commission considère
que cette règle ne relève pas du niveau constitutionnel, contrairement
au principe général de neutralité et d'indétermination
religieuse de l'État. Elle a souligné l'évolution importante
du principe de laïcité entre 1905, alors même qu'il ne
figure pas en tant que tel dans la loi de séparation, et 1946, date
à laquelle il fait son apparition dans un texte constitutionnel. L'insertion
du principe de laïcité n'a pas eu pour effet de supprimer les
nombreuses dérogations aux principes d'interdiction de subventionnement
dont la plus importante est la validation de la loi du 25 décembre 1942,
qui permet aux collectivités publiques de participer aux réparations
des édifices du culte dont elles ne sont pas propriétaires.
La commission s'est interrogée également sur l'opportunité
d'une modification consistant à élargir l'objet des associations
cultuelles en les autorisant à poursuivre des activités accessoires
(en abandonnement la restriction « strictement ») et surtout
en n'exigeant plus qu'elles se rattachent directement à l'exercice
du culte. Compte tenu de la complexité de la notion d'accessoire,
éminemment jurisprudentielle, et de l'insécurité juridique
qu'elle comporte, la commission n'a pas retenu cette solution. De plus, les
groupements religieux n'ont pas forcément intérêt à
faire exercer par une association cultuelle leurs activités caritatives
dès lors que ce statut les empêche de bénéficier
de subventions publiques, nonobstant leur caractère d'intérêt
général. Avant de décider des mesures les plus appropriées
pour résoudre les difficultés que rencontrent les différents
cultes, la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et collectivités
territoriales a entrepris une série de consultations, notamment avec
les représentants des différentes confessions, et initié
un groupe de travail technique chargé de donner des suites concrètes
aux conclusions de la commission présidée par le professeur
Machelon.