Seigneur et unique Dieu, vous qui avez créé les Cieux et tout ce qu'ils renferment, l'armée céleste, la terre et ce qui la couvre, la mer et ce qu'elle contient sont l'ouvrage de vos Mains. C'est vous qui avez donné l'être et la vie à toutes les créatures et le frmament vous rend hommage.
     L'homme, le dernier dans l'ordre de la Création, est par vous le premier dans l'ordre de la perfection. Vous l'avez rendu supérieur à tout ce qui a vie, et par le don de l'intelligence vous l'avez rendu presque aussi parfait que les anges.
Vous avez signalé, Seigneur, vos bontés sur Abraham, Isaac et Jacob, vos serviteurs. Parmi les nations qui sont votre ouvrage, c'est dans les descendants de ces saints patriarches que vous avez élu votre peuple chéri. Vous lui avez apparu sur le mont Sinaï dans tout l'éclat de votre gloire : Là votre voix s'est fait entendre ; elle a dicté ces lois éternelles de justice et de vérité à votre serviteur fidèle ; vous l'en avez rendu dépositaire ; vous lui avez prescrit de les transmettre à Israël, afin qu'il les observât.
    Seigneur, malgré nos péchés et notre désobéissance, vous n'avez point retiré de nous votre clémence infinie. Au milieu des autres nations, vous avez veillé sur nous, et lorsque nous avons été menacés de leurs fureurs, vous avez suscité, pour nous en garantir, des princes instruments de vos miséricordes.
    Mais, combien, Seigneur, vous nous comblez aujourd'hui de vos bienfaits, en inspirant des sentiments paternels pour votre peuple au génie du Prince immortel, que vous couvrez de vos ailes, et qui règne si glorieusement sur la France et le royaume d'Italie. Vous avez ajouté à sa bonté naturelle les trésors de votre bonté divine. Du haut de son trône, il a jeté un regard sur les Israélites de ses États : il n'a vu dans notre isolement, nos maux, l'abus de nos saintes Lois, notre incivilisation comme l'effet des vicissitudes qui ont affligé nos pères; et il a résolu de nous réunir au nombre de soixante et onze en grand Sanhédrin , réunion sacrée, qui nous attribue le pouvoir d'éloigner de nous le vice, et de nous rappeler à la vertu.
    Seigneur, ce bienfait est une nouvelle marque de votre inépuisable miséricorde ; mais, en nous imposant de si grandes obligations, nos coeurs palpitent, et nos âmes sont saisies de terreur. Faites, grand Dieu, que par nous la vigne du Seigneur ne reçoive aucun dommage. Qu'oserions-nous entreprendre sans votre puissante protection ?
    Nous l'invoquons, Seigneur, vous, qui donnez la science, qui éclairez de vos célestes clartés l'intelligence des mortels, vous de qui tout émane et sans qui l'esprit humain n'est qu'un abîme de ténèbres. Nous venons dans votre temple vous implorer d'une âme recueillie et le coeur attendri, pour vous supplier de détourner vos regards de nos péchés, de nous pardonner nos erreurs, et de nous affermir dans la résolution de faire le bien.
    Dieu puissant, qui voyez les coeurs, et à qui les actions les plus cachées sont connues, agréez nos voeux ardents pour la gloire de votre sainte loi. Lorsque nous serons assis sur les bancs du grand Sanhédrin pour dicter des ordonnances à Israël, qu'un pur rayon de votre sagesse, lancé du sein de votre sanctuaire, vienne et nous illumine, afin que nous marchions dans vos voies, et que nous suivions les paroles que vous nous avez transmises par la bouche de nos pères.
    Guidez-nous dans le droit chemin , inspirez-nous par vos conseils , éloignez des nôtres toute dissension. Que la concorde réside au milieu de nous, et que le sentiment du bien nous anime tous !
    Préservez-nous des pièges de l'erreur ; mettez vos paroles dans notre bouche. Rendez-nous facile ce que nous devons faire, et que notre langue ne profère que ce qui est conforme à votre volonté.
    Soutenu par votre droite, Seigneur, il nous sera facile de réaliser la pureté de nos intentions, de donner à Israël des décisions qui raffermissent dans son coeur la croyance de nos pères, et de mettre en harmonie vos saintes lois avec celles de l'État.
    Seigneur, par ce moyen nous obtiendrons grâce devant vous, et nous nous concilierons la bienveillance de la société,
    Vous vérifierez par-là, Seigneur notre Dieu, les promesses que vous avez faites à Israël par la bouche de votre prophète :
    Dieu m'a dit : Israël est digne de moi


Source: Centre Historique des Archives Nationales F/19/11004 et 11005
N.B. Ce sera une version un peu différente qui sera imprimée pour être distribuée aux membres du Grand Sanhédrin.